« Qu’est-ce que le cerveau humain, sinon un palimpseste immense et naturel ? Des couches innombrables d’idées, d’images, de sentiments sont tombées successivement sur votre cerveau, aussi doucement que la lumière. Il a semblé que chacune ensevelissait la précédente. Mais aucune en réalité n’a péri. »
Charles Baudelaire dans Les Paradis artificiels
La peinture de Solène Ortoli oscille entre des mondes qui se superposent et s’harmonisent, par leurs frontières perméables.
L’artiste dessine des espaces figuratifs mais irrationnels - vues plongeantes dont les perspectives se disputent - dans lesquels l’habitat humain se mêle à une nature herbeuse et arborée.
L’intérieur et l’extérieur se confondent dans un dialogue de formes et de couleurs : le bois de la charpente des maisons - qui semble conserver sa croissance végétale - répond à celui des arbres parfois rabotés en tasseaux ; le vert du gazon se poursuit sur un lit ou un tapis. La verdure s’invite à l’intérieur, et l’extérieur s’aménage de mobilier, car les deux espaces communiquent grâce à de larges baies vitrées ou l’absence de cloisons, au travers desquelles l’intime des personnages s’expose par la transparence des lieux.
Ces personnages questionnent leurs différentes natures. Certains se mettent à nu et revendiquent une nature humaine originelle mythologique, celle du Jardin d’Eden créationniste, tandis que d’autres reviennent à l’état animal, sous une forme simiesque darwinienne. Deux conceptions de l’évolution humaine.
D’autres errent dans l’ambiguïté, comme cette sirène figée dans une transition inachevée vers son humanité désirée, contrainte d’assumer deux natures qui se superposent sur la toile. Ou ces fantômes, formes humaines à moitié effacées, flottant entre la vie et la mort, le monde du dessus et du dessous communiquant par des bains semblables à des caveaux, parfois reliés par des escaliers.
Dans son processus créatif, Solène hésite, elle aussi, entre plusieurs possibles, parfois gommant l’un, tout en laissant sa trace sur la toile, autrement les déclinant en plusieurs toiles à la fois analogues et distinctes. Ainsi son œuvre raconte-t-elle à la fois les errances de l’artiste et amoncèle les strates de toute une humanité riche de ses perpétuelles réécritures.
— Aurélien Simon
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Solène Ortoli, Bas-relief, 2024
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Solène Ortoli, D'extérieur 1 , 2024
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Solène Ortoli, D'extérieur 2, 2024
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Solène Ortoli, D'intérieur 1, 2024
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Solène Ortoli, D'intérieur 2, 2024
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Solène Ortoli, D'intérieur 3, 2024
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Solène Ortoli, D'intérieur 3, 2024
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Solène Ortoli, Jadin d'Adam, 2024
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Solène Ortoli, Jadin d'Adam, 2024
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Solène Ortoli, Jardin d'Adam, 2024
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Solène Ortoli, Jardin d'Adam, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 1 , 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 1 , 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 2, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 2, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 3, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 3, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 4, 2024
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Solène Ortoli, Les marbres 4, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 1, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 1, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 2, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 2, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 3, 2024
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Solène Ortoli, Maison vacantes 3, 2024
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Solène Ortoli, Membres fantômes 1, 2024
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Solène Ortoli, Membres fantômes 1, 2024
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Solène Ortoli, Membres fantômes 2, 2024