« Éblouissant et poétique, le travail de Slimen Elkamel est un hommage éloquent à cette Tunisie qu’il aime tant. Le peintre y fait exploser sa culture en la mettant au service de grandioses conceptions. Narrateur de songes, l’artiste ne peint pas simplement l’histoire de son pays mais l’humanité envoûtante des civilisations qui l’ont traversé. L’art est toujours synonyme de partages et de découvertes, c’est donc avec un immense plaisir que j’accueillerai à l’Institut du monde arabe Slimen Elkamel, plasticien virtuose de la scène artistique contemporaine arabe. »
Jack Lang
Découvrir les œuvres de Slimen Elkamel, c’est ressentir une particulière force, celle d’appréhender le monde différemment. En une période où l’incertitude « gagne sans que nous puissions concevoir comment », l’artiste invite à des chemins alternatifs, ceux d’une « connaissance nouvelle, flottante, qui vous donne de ne pas vous engloutir » (1). Dans un monde d’information instantanée et subie, l’artiste fait le choix d’un lent cheminement aux directions multiples, d’un apprentissage. Se perdre comme source de connexion rhizomique. Dans un monde de personnalités starifiées, hégémoniques et futiles, l’artiste fait le choix des « inconnus, des marginalisés, des laissés pour compte, des passants » (2). Dans un monde de l’ego, l’artiste fait le choix du décentrement, de la relation, d’un rapport au non-humain ré-inventé. Dans un monde de la surveillance de masse et de la post-vérité, l’artiste fait le choix du codé, de l’imaginaire, de la tradition orale héritée de ses tantes, inépuisable source de résistance et de liberté. « J’ai appris que l’art prête l’oreille au monde lorsqu’il tourne le dos à la finitude de son histoire » (3). Entrez, prêtez l’oreille au monde ! « A cœur ouvert » est un acte de vie, un appel à un nouveau départ, une incitation à l’écoute de la diversité du monde, la plus lucide des manières de « ne pas nous engloutir ».
Ronan Grossiat
(1) « Poétique IV : Traité du Tout-Monde », Edouard Glissant (1997)
(2) « Correspondances entre Michket Krifa et Slimen Elkamel » (2020)
(3) « Je ne veux pas que l’histoire s’arrête », Slimen Elkamel (2021)