L’histoire commence par une idylle impossible entre le fils d’un nationaliste fondateur du premier parti républicain tunisien et une jeune corse, dans les années 1940.
Au temps du protectorat, cet amour interdit embrasse l’Histoire de la Tunisie et celle de la France. Un jeu de « je t’aime moi non plus » qui persiste aujourd’hui. Love letters nous conte avec justesse et pudeur une romance, celle des grands-parents de Héla Ammar, mise en miroir avec celle, complexe, du récit national.
Dans son oeuvre artistique Héla Ammar ne cesse de creuser, d’interroger les notions de mémoire, d’identité et de temps. La notion de temporalité qui imprègne fortement l’œuvre de Héla Ammar est mise en corrélation avec les récits historico-politiques de son pays. Ce travail de mémoire, transposé à sa réflexion sur le temps, importe à l’artiste au delà de sa création plastique, et pourrait se résumer à l’adage «pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient ».
Avec la révolution en 2011, le besoin de trouver de nouveaux repères s’impose. Héla Ammar questionne alors les archives nationales et familiales. Selon elle « les archives en tant que traces tangibles du passé, ou en tant que réceptacle de la mémoire constituent souvent une valeur refuge : on interroge la mémoire pour y trouver des réponses sur le présent et l’avenir. » Héla Ammar réalise le manque - voire l’absence - d’archives tant personnelles qu’historiques. L’artiste entame ainsi une quête minutieuse, où elle délivre un récit à partir d'éléments factuels afin de « reconstruire une mémoire collective éclatée et de tisser ainsi un champ temporel unifié. ».
Armelle Dakou