"Attrape-moi si tu peux" j'ai choisi cette expression pour vous parler du travail de Elham
Nos regards se posent en premier lieu sur l'histoire qui se conte derrière chacun de ces tableaux, cet esprit du "jeux" entre les éléments comble un espace vide par leurs simples présence.
L'univers de l'artiste nous rappelle des choses "déjà vues", des rêves féeriques. Des corps, des objets décharnés, des jupes joueuses , des lignes épaisses et contraintes à une réalité onirique.
Une transmission sensuelle absolue qui débute dans la jonction des visages tracée puis effacée dans un décor coloré nous laisse accès à un monde utopique où l'amour ferait partie de notre quotidien qui jongle entre réalité et rêves. Les figures de cirque sont fréquentes : sauts, cerceaux, double axe, équilibre, déséquilibre pour nous faire renouer avec notre âme enfantine où la vie n'était que jeux et bon temps. La réalité nous rattrape sur le choix des éléments. Comme elle le fait avec les hommes et les animaux ,Elham arrive à jouer avec toute une palette de couleur, des traits et des échelles. Il s'agit de mélanger : entre transformer la réalité et de chercher les accords colorés des dissonances pour nous faire oublier notre présent pour nous transporter dans notre imaginaire.
La place ou plutôt "la non place" des acteurs représentés est indéfinie et trouble encore plus notre esprit. Ce choix de place nous rappelle un effet de suspension retenu par un file telle une marionnette guidée par son marionnettiste qui ne serait autre que nous , nous le spectateur de ces œuvres, nous qui racontons l'histoire telle que nous avons décidé de la conter .
L'utopie d'un monde imaginé par notre subconscient se mêle avec les oiseaux, têtes hilares ou tristes, poissons, échelles dans une sorte d'all-over figuratif mêlait sur la relation des formes et du fond sur laquelle l'artiste joue. Plutôt que de partir d'un fond, elle part des formes, elle produit des distances entre les formes, et ces formes ont alors la potentialité de devenir faune, flore et objets divers.
Son jeu à elle, c'est d'annoncer la couleur puis de vérifier ce que dit la couleur. Elle y voit autre chose que sa propre intention, alors elle suit l'intuition de la couleur, le génie de la couleur. On se laisse guider, vers un regard où l'histoire de la toile vient s'inventer, à nos dépens.
Une dimension utopique naît ici, qui concilie une certaine idée du bonheur, du plaisir, mais sans naïveté.
"Qui nie le bonheur sur terre nie l'art ?
Pas de bon tableau sans un gros plaisir ?
G. Corneille"
Commissariat : Sinda DRINE