BEETLE - OMI SISSI: MOHAMMED ISSAOUI

6 - 7 December 2024

Beetle est un spectacle chorégraphique qui retrace une expérience personnelle boule- versante dans la vie de son auteur.
Dans un récit qui mêle l’enfance du personnage et son parcours de médicalisation à cause du VIH, ce spectacle propose une histoire du virus qui s’articule autour d’une archive personnelle.

 

Le VIH ne m’a pas tué.

23 novembre 2021 : diagnostiqué positif au VIH. Été 2022 : j’ai quitté le pays ( La Tunisie)
2024 : j’y retourne pour raconter mon histoire.

Il y’a un an, je ne supportais plus l’étroitesse du monde dans lequel je vivais et ne trouvais plus l’ombre d’une passion dans ce que j’entreprenais. Je me suis recroquevillé sur moi- même, livré à une âme seule et un corps souffrant. Mon seul refuge était l’isolement. Un gouffre s’est creusé entre mon entourage et moi. Incompréhension, de part et d’autre. Moi, séparé de moi et du monde. J’avais « l’impression de tomber dans mon corps », d’y être enfermé. Le monde s’éloignait et se rétrécissait et le temps ne battait plus sa ca- dence. J’étais devenu méconnaissable par moi-même, dans la peur et l’immense fatigue de ne pas comprendre/ accepter ce que je vivais. Non plus dans la capacité mais dans l’incapacité, soumis à l’incroyable pouvoir du déni. pensais juste à partir, à abandonner ma vie d’alors. Je suis parti. Dans l’urgence et sans prévenir. La distance m’a permis de prendre mes émotions et ma fragilité à deux mains et de les affronter, et c’était à travers l’écriture.

Écrire a toujours été mon miroir. C’est comment je me vois. Le reflet de ce qui m’anime et de ce qui me fait vivre. Quand, en 2017, j’ai écrit et mis en scène mon premier texte Le Déserteur, j’ai compris aussitôt que nulle autre vocation ne me sera possible que de raconter des histoires et pour en faire, je dois retourner dans mon corps. Aujourd’hui , je vis un moment fort dans ma vie et dans mon imagination, et les deux se rejoignent. Je tombe de nouveau dans mon corps. Ma vie et mon imagination m’inspirent des mots, des images et des sons. Pourquoi ne pas donner forme à ce quelque chose d’extrême- ment fort et vulnérable ? Pourquoi ne pas mettre en œuvre mon expérience avec la ma- ladie, Comment je l’ai reçue, Comment je l’ai vécue, Comment je l’ai partagée. Je pense que cela dépasse ma vie et mon expérience personnelles pour rejoindre le politique. Le personnel n’est pas politique ?

Aujourd’hui, comme Louis de Jean Luc Lagarce dans Juste la Fin du Monde, j’ai décidé de revenir dans mon pays et de raconter ce que j’ai traversé. "   

- Mohammed Issaoui